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Villages fantômes

Expérience maudite dans les Balkans et "Tchernobyl naturel" en Anatolie.

jeudi 13 avril 2006, par marc

Expériences maudites du communisme triomphant...

La Bulgarie dans les années 82/88 était un peu considérée comme la seizième des républiques soviétiques. Tout était calqué sur le modèle du grand frère.

Si la présence et "l’accompagnement" policier étaient pour nous moins pesant qu’en Roumanie, il n’en demeurait pas moins que nous nous devions de respecter certaines règles et en particulier éviter certaines "zones interdites" du pays. Pourtant un jour nous avons pénétré par hasard dans un de ces espaces interdits et totalement inconnus du grand public.

Pravetz était la ville natale de Todor Jivkov, le tsar rouge de l’époque, à cet égard la ville jouissait de quelques privilèges, petite ville de province elle était dotée dotée d’une université. Il y avait même une autoroute pour relier la ville à la capitale ...

Nous avions un ami à Pravetz, « un drôle de zèbre », du moins était il considéré comme tel par les gens de l’ambassade de France. En effet Gilles était un français qui avait choisi de venir s’installer en Bulgarie pour y poursuivre des études. A l’heure des échanges européens, des programmes Erasmus, ceci paraît bien banal mais replacé dans le contexte de l’époque, croyez moi, ce n’était pas ordinaire ...

Gilles connaissait bien le pays et parlait le bulgare à la perfection, tellement immergé dans le milieu qu’avec nous il commençait une phrase en français et subitement la terminait en bulgare !

Et puis Gilles avait épousée une bulgare native de Pravetz...

Et c’est ainsi que cette petite ville fut pour nous une destination le temps d’un week-end.

A cette époque nous avions un véhicule à quatre roues motrices qualifié de tous chemins. Celui ci nous permettait de crapahuter dans les chemins de campagne assez facilement.

Nous étions donc partis nous balader dans la campagne autour de Pravetz, paysage de collines et presque de moyenne montagne.

De chemin en chemin nous sommes peu à peu égarés et nous sommes retrouvés au milieu d’un paysage assez dénudé, quasiment désertique du moins ne croisions plus depuis un bon moment ni hommes ni bêtes.

Gilles était un peu inquiet, il savait que certaines portions de la région étaient classées zones interdites ...

Et puis à un moment, soulagement voila qu’apparaissent les constructions d’un village paysan aux toits caractéristiques de lauzes mais également avec des constructions plus modernes "en béton".

Pourtant c’est curieux, toujours aucune présence humaine, aucun véhicule. Nous approchons.

Et nous voici dans le village. Désert, pas âme qui vive, une impression étrange comme si tous les habitants avaient quittés précipitamment les lieux. Les murs et les constructions sont défraîchis, patinés par le temps, quelques portes sont ouvertes et béantes. Un salon de coiffure avec son fauteuil et son espace d’attente semble avoir été subitement abandonné par ses clients.

De vieilles affiches et des graphitis ornent certains murs. Personne . Gilles déchiffre ce qui est écrit et le voilà qui soudain m’ordonne : « accélère ! Fonce il ne faut pas rester ici ! »

Nous quittons rapidement le village fantôme et Gilles alors nous explique.

Dans les années 50 le socialisme conquérant expérimentait toutes sortes de découvertes susceptibles de faire triompher l’idéal socialiste et libérer le genre humain. Dans cette région des pesticides d’un genre nouveau largués depuis des avions avaient été essayés. Le résultat avait foudroyant : toute la région avait été polluée et la population décimée par ces épandages mortels.

Ce que nous venions de voir c’était un village rayé de la carte un beau jour de 1954 par une expérience dont les soviétiques gardaient bien de se vanter au yeux du monde.

C’étaient les restes des affiches collées aux murs qui permettaient de dater ce moment : celle où Tchervenkov dirigeant de l’époque entendait prendre ses distances avec le « culte de la personnalité » (c’était la nouvelle ligne à Moscou après la mort de Staline survenue en mars 1953) pour conserver les fonctions de chef du gouvernement et abandonner celles de chef du Parti à Todor Jivkov.

Gilles nous apprit alors qu’il se murmurait dans le pays que des villages avaient été rayés de la carte mais personne vraiment n’avait pu le vérifier, la zone étant classée interdite et militaire et tout le monde se gardait bien de creuser le problème !

Et c’est ce témoin surgi d’un passé maudit et interdit que nous avions visité l’espace d’un instant.

Ce jour là miraculeusement nous n’avions croisé ni milice ni armée... Le retour en France en eût été accéléré !

en complément : la Bulgarie Communiste

...

Un autre village "en partie déserté" mais pour une autre raison.

Cette fois nous sommes en Turquie, il fait beau et chaud et avec Christophe et ses enfants nous descendons la Kizilirmak en kayak en amont du village d’Avanos en Cappadoce (voir le blog du Kayak pliant)

Nous traversons un village dont la rive gauche est totalement désertée : des émanations naturelles de radon ont obligé la population à s’installer sur l’autre rive...

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