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L’enfant et le maître d’école.

mardi 4 mars 2008, par marc

Dans ce récit je prétends faire voir D’un certain sot la remontrance vaine.

Un jeune enfant dans l’eau se laissa choir

En badinant sur les bords de la Seine.

Le ciel permit qu’un saule se trouva,

Dont le branchage, après Dieu, le sauva.

S’étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,

Par cet endroit passe un maître d’école ;

L’enfant lui crie : « Au secours ! je péris.

Le magister, se tournant à ses cris,

D’un ton fort grave à contretemps s’avise

De le tancer : « Ah ! le petit babouin !

Voyez, dit-il, où l’a mis sa sottise !

Et puis, prenez de tels fripons le soin.

Que les parents sont malheureux qu’il faille

Toujours veiller à semblable canaille !

Qu’ils ont de maux ! et que je plains leur sort ! »

Ayant tout dit, il mit l’enfant à bord.

Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense.

Tout babillard, tout censeur, tout pédant

Se peut connaître au discours que j’avance.

Chacun des trois fait un peuple fort grand :

Le Créateur en a béni l’engeance.

En toute affaire ils ne font que songer

Aux moyens d’exercer leur langue.

Eh ! mon ami, tire-moi de danger,

Tu feras après ta harangue. .

Jean de La Fontaine, Fable XIX, Livre I.

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